La fonction d’aumônier catholique est très diverse dans les Services Départementaux d'Incendie et de Secours (SDIS) : elle n'est pas prévue statutairement, contrairement aux pompiers militaires de Paris (BSPP - Armée de Terre) et Marseille (BMPM - Marine Nationale).
Dans les SDIS, les aumôniers catholiques ne sont pas embauchés à plein temps, ils peuvent être :
Bien souvent, à défaut d’aumônier officiel, pour les célébrations de la Sainte Barbe et autres commémorations, le curé, prêtre ou diacre local de la paroisse est sollicité par les sapeurs pompiers de la commune.
Sans avoir la fonction d’aumônier, des prêtres, des diacres permanents sont parfois sapeurs-pompiers volontaires voire sapeurs-pompiers professionnels. Ces prêtres et diacres occupent les fonctions opérationnelles selon leurs grades et qualifications. Par leur engagement quotidien auprès des hommes et femmes de ce temps, sans être aumônier, ils sont un témoignage de la présence du Christ dans ce monde.
Les pompiers militaires de Paris (BSPP - Armée de Terre) et Marseille (BMPM - Marine Nationale) disposent d’aumôniers militaires catholiques à plein temps relevant du diocèse aux armées.
Le 11 septembre 2001, la vie de Tom Colucci a été transformée pour toujours. Capitaine au sein de l’unité des pompiers de New York (États-Unis), il a vu nombre de ses hommes mourir : « Ce jour-là, j’ai vu le pire de l’humanité mais j’ai aussi vu le meilleur », témoigne-t-il. Il se souvient des centaines de gens, hommes, femmes et même enfants, qui sont venus apporter leur aide. « Ils sont le corps du Christ », s’exclame-t-il. « Dieu était avec nous ce jour-là, j’en suis sûr. » C’est ensuite que le capitaine a décidé de devenir prêtre pour continuer à servir et sauver ses frères : corps et âme.
Comment concilier vie de famille et engagement professionnel comme officier de sapeurs-pompiers,
mais aussi vie d'Eglise comme diacre permanent ...
Du feu de Dieu, par le Frère Marie-Ange
Pompier, l’auteur abandonne son métier de « soldat du feu » pour rejoindre la Congrégation Saint-Jean.
Devenu par la suite aumônier-adjoint de la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris, le frère Marie-Angel peut se consacrer à ce qu’il sait être sa vocation depuis toujours : sauver les âmes comme religieux et les corps comme pompier.
Illustré de photos prises sur le vif, ce livre nous fait pénétrer dans un univers infernal où la présence de Dieu, comme le feu, éclaire, réchauffe et consume à la fois.
Le milieu des sapeurs-pompiers est par essence profondément altruiste, mais également très dur : dans l’urgence de l’intervention en professionnel du secours, le pathos et l’émotion n’a pas sa place. On ne parle pas de Madame Duchemin ou de Monsieur Martin, mais de victimes en « extrême urgence », « urgence absolue » ou « urgence relative » que l’on prend en charge, après les avoir désincarcérées d’un véhicule accidenté, sauvées d’un immeuble en feu ou réanimées suite à un arrêt cardiaque.
La fonction publique territoriale française, dont relève les sapeurs-pompiers sur notre territoire, se doit d’être neutre, c’est-à-dire interdisant les discriminations de quelque nature que ce soit, en garantissant un égal accès au secours, mais aussi en interdisant vis à vis de la population, l’expression d’opinions politiques ou religieuses.
Mais dans des corps constitués (militaires ou sapeurs-pompiers) où l’on côtoie régulièrement la mort et où l’on peut risquer sa propre vie, consciemment, pour accomplir une mission par sens du devoir, les questions existentielles sur le bien, le mal, le sens de la vie ou encore la souffrance, se font plus denses et plus prégnantes qu’ailleurs.
Aussi, en complément de psychologues présents pour aider les personnels le souhaitant, pour certains, la foi permet d’apporter une autre dimension et de mettre de la verticalité dans des moments difficiles ou d’épreuves. C’est l’essence des aumôniers : l’accompagnement des hommes et des femmes dans leur chemin de vie professionnelle, parfois dure.
Aussi, la laïcité n’impose pas l’effacement des religions de la sphère publique, mais leur égalité de traitement dans le respect de chacun : la laïcité c’est la liberté de croire ou de ne pas croire et de l’exprimer dans le respect de l’ordre public en restant neutre, sans affecter la mission du service public auprès des victimes et des sinistrés.
N’ayant pas le statut d’aumônier au sein des pompiers, mais bien d’officier supérieur professionnel, il n’en demeure pas moins, qu’avant de vouloir faire, il convient simplement d’être, et de rester dans cette vérité de la relation avec l’autre par une proximité de terrain et une ouverture dans la relation. Ainsi, laissant toujours à mon interlocuteur l’initiative de la démarche, lors de discussions en tête à tête, la question de Dieu et de la foi permet des échanges profonds où l’Espérance chrétienne affleure et bien souvent se manifeste.
Concrètement, il y a quelques années s’est posée la question de définition de valeurs devant caractériser le service dans son fondement. C’est à moi volontairement que le Contrôleur-Général a confié la constitution et l’animation d’un groupe de travail sur le sujet. Au final, une charte des valeurs partagées a été établie et diffusée à nos 6.000 agents, avec affichage dans les 300 casernes. Cette charte est basée sur des valeurs certes laïques, fonction publique oblige, mais finalement d’inspiration très chrétienne dans leurs fondements.
Au quotidien, être diacre chez les sapeurs-pompiers se vit pour moi sous quatre axes :
1) Classiquement, pour un diacre, par une écoute qui se veut privilégiée, avec une ouverture et une disponibilité de tous les instants pour les collègues sapeurs-pompiers, et cela malgré un emploi du temps très chargé, quitte à rentrer plus tard à la maison, mais surtout en ne refusant jamais un temps d’écoute souvent informelle, comme par exemple de retour à la caserne dans le dépôt, derrière le véhicule Fourgon Pompe Tonne après une intervention.
2) Mais aussi à travers une prière de remise à Dieu, chaque soir lors des Vêpres ou des Complies. Une remise à Dieu de la folie de la société actuelle, de la souffrance de l’Homme face à la mort, la maladie, mais aussi du profond sentiment d’injustice, légitime, qu’éprouvent toujours les victimes ou les familles lorsqu’un proche est touché par un drame ou un sinistre. Une prière de remise à Dieu, aussi à travers les dernières paroles d’une victime en extrême urgence, ou encore du désespoir des proches effondrés, exprimant leur souffrance et leur incompréhension devant parfois l’impuissance des secours.
3) Directement, en lien avec le service par l’animation de temps forts lors de la fête patronale de la Sainte Barbe entre fin novembre et début décembre, sainte patronne des professions à risque. En complément des cérémonies civiles de commémoration avec l’appel des morts au feu (énumération des noms des sapeurs pompiers décédés en intervention depuis la dernière fête de la Sainte Barbe), il est proposé localement sans obligation de participation, un office religieux spécifique pour la mémoire de nos défunts, durant lequel avec l’accord du curé, selon les configurations, j’anime un temps de prière œcuménique avec un pasteur, prend part à une messe par la proclamation de l’Evangile et l’homélie, ou anime seul un temps de la parole.
4) Indirectement, en lien avec le service où la proximité de vie très forte avec les sapeurs-pompiers volontaires et professionnels fait que je suis fortement sollicité pour des mariages dont l’un ou les deux fiancés sont pompiers, des baptêmes d’enfants et de petits enfants de pompiers. Mais aussi parfois, la démarche de foi d’un collège très proche qui souhaitait un temps de prière quelques semaines après son mariage civil avec une personne divorcée. De même, la célébration au printemps derniers sur demande de la famille des funérailles en présence de plus de 500 collègues en uniforme, d’un sapeur pompier d’une vingtaine d’années que je connaissais, décédé dans un accident de moto sur lequel je suis intervenu comme sapeur-pompier.
Enfin, être diacre dans son milieu professionnel, configuré au Christ serviteur, au service du service passe aussi par la Parole de Dieu (St Mathieu 25,34) : « j’avais faim, j’avais soif, j’étais nu, étranger, malade, en prison… et ce que vous avez fait à un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait ». Et de rajouter : « vous étiez dans la détresse, vous avez fait le 18, et c’est le véhicule rouge des sapeurs-pompiers, vos frères en humanité et en humilité, qui est venu à votre secours».
Jérôme MUTIN - 2018
La fonction d’aumônier chez les sapeurs-pompiers est finalement très proche de celle qui est définie pour les militaires, notamment pour les sapeurs pompiers de Paris et les marins pompiers de Marseille :
Le militaire fait le choix de se mettre au service du pays, en dépassant ses intérêts personnels. Il doit se préparer à vivre des situations exceptionnelles qui le confrontent à la détresse extrême et à la mort. Cette spécificité est la principale raison d'être de l'aumônerie militaire.
Leurs familles doivent aussi supporter les conditions et la vie propres à l'engagement militaire : l'absence et l'angoisse générée par la participation aux opérations extérieures, le déracinement géographique…
C'est dans ce cadre que se situent la présence et l'action de l'aumônerie. La vie quotidienne au sein de l'Aumônerie appelle tous les militaires, civils de la Défense et leur famille, à créer une communauté fraternelle et apporte l'aide morale et spirituelle qui contribue à l'équilibre du combattant et à la cohésion du milieu.
Chez les militaires, le prêtre prend l’appellation de "Padre", il porte toujours une croix visible sur son uniforme.
Les missions dans lesquelles l’armée française est engagée mettent des hommes et des femmes au contact de situations parfois extrêmement difficiles.
La violence, la souffrance, la mort sont autant d’éléments qui peuvent déstabiliser voire bouleverser le plus aguerri des soldats, risquant de l’emmener dans les ténèbres de questions sans réponse ou dans des exutoires où il pourra au contraire se défouler pour éviter de chercher un sens à sa présence dans ces situations épouvantables.
La présence de l’aumônier va jouer différents rôles.
Ces relations, toutes basées sur la confiance, font de l’aumônier le garant d’un soutien spirituel permanent. Présent et disponible, jour et nuit, il accompagne, il « est ». Il est à son échelle une part de la présence de ce Dieu auquel il a voué sa vie, pour mieux se donner à ceux qui demandent.
Si « l’aumônier » militaire est plus correctement défini comme « chapelain », il apparaît que sa fonction ne saurait être premièrement de l’ordre d’un service caritatif, encore moins d’une assistance sociale, mais proprement de l’ordre pastoral et spirituel -ce qui veut dire aussi religieux et cultuel-, de l’ordre de l’évangélisation plus que du simple accompagnement humain dans les Armées. On rapproche souvent l’aumônier du médecin et de l’assistante sociale. On peut le comprendre, mais cela ne signifie pas que -de près ou de loin- « l’aumônier » soit ès-qualité, l’assistant sympathique du médecin ou du travailleur social.
Le devoir de réserve par rapport aux convictions philosophiques, politiques et religieuses, qui prévaut légitimement dans une institution comme celle de la Défense entraîne évidemment une certaine discrétion (au sens de discernement et non pas de se taire) dans la pratique pastorale et le travail d’évangélisation. Il s’agit d’éviter en particulier toute attitude prosélyte. Cela ne doit cependant pas s’opposer à l’exercice des fonctions propres de l’aumônier dans l’ordre pastoral.
Le contenu principalement pastoral que l’Eglise met dans le mot chapelain, même s’il est travesti en « aumônier » permet ainsi de bien situer la place du chapelain aux Armées, c'est-à-dire de notre aumônier militaire.
L'aumônier...
L’aumônier prêtre est celui à qui l’on fait appel lors des opérations extérieures au territoire national :
L’aumônier diacre exerce son ministère sous la responsabilité d’un prêtre :
L’aumônier laïc participe à l’exercice de la charge pastorale, sous la responsabilité d’un prêtre modérateur. :
25 novembre 2019 : 13 militaires français sont tués au Mali. Parmi eux, quatre chasseurs du 4ème Régiment de chasseurs alpin de Gap. Hommage par le chanteur français Tibz.