Devenir moine cistercien, c'est s'alléger en faisant le choix de l'essentiel : être un pèlerin de l'absolu.
Passer progressivement du présage de Dieu dans une vie divisée, à la recherche de sa présence dans l'unité de vie que constitue la solitude, la prière, la Parole de Dieu, la vie communautaire et le renoncement.
L'entrée au monastère commence par le statut de "novice" pendant deux ans et demi de noviciat. Tout commence par le "Connais-toi toi-même" puis le "Deviens ce que tu es" pour s'accomplir dans la figure du Christ.
Ensuite arrive le statut de "profes" pendant trois ans de vœux temporaires, pouvant se renouveler annuellement et se prolonger pendant six ans. Un nouvelle homme est en mutation dans la solitude, la prière, le silence, la lecture de la Bible, le dépouillement et les ténèbres, cette nuit sacrée au bout de laquelle le voyageur retrouve enfin le sanctuaire de son âme où l'attend quelqu'un.
Ensuite, après un vote favorable de la communauté, le moine entre définitivement au monastère par une profession solennelle.
Profession solennelle monastique est un commencement, un départ, un pèlerinage vers l'absolu, vers ce que les chrétiens appellent le régime des Béatitudes. Les béatitudes sont à l'opposées de ce que la société souhaitent communément atteindre : la richesse, le pouvoir, la réussite, la jouissance...
La profession solennelle, par laquelle une monial ou un moine signe sont entrée définitive au monastère, sanctifie ce renversement des valeurs et la grille de lecture qu'elle implique.
Mais ces renoncements ne sont que la face négative d'un geste qui, positivement, est remise totale de soi à Dieu, en un acte de foi en sa puissance.
Cet acte de foi fait accéder à la véritable liberté intérieur. En effet, pour un moine, il ne s'agit pas de chercher à jouir des conditions heureuses de l'existence, mais d'être déjà avec le Christ dans son Royaume. Servir Dieu et donner sa vie en rançon pour la multitude. Le Christ en sa liberté de fils de Dieu, vient ainsi restaurer tout homme qui s'ouvre à lui.
La mère abbesse : Sœur N, que demandes-tu ?
La profes : La miséricorde de Dieu et celle de l'ordre cistercien de la stricte observance.
La mère abbesse : Est-ce librement que tu choisis de vivre dans l'obéissance, de t'enraciner au sein de notre communauté et d'y vivre jusqu'à ta mort ?
La profes : Oui, je le choisis librement.
La mère abbesse : En vue du royaume des cieux et du salut de tes frères et sœurs, veux tu perdre ta vie afin de la retrouver en plénitude, ne cherchant que Dieu seul dans le silence et une joyeuse pénitence, dans la méditation de la Parole et la recherche de la prière continuelle, de la solitude et la communion fraternelle ?
La profes : Oui, je le veux, avec la grâce de Dieu.
La mère abbesse : Par la fidélité à l'Evangile, à la règle de saint Benoit et à nos constitutions, veux tu tendre généreusement à l'amour de Dieu et du prochain ?
La profes : Oui, je le veux, avec la grâce de Dieu.