Préambule :
Contrairement aux autres sujets traités ici, il ne s’agit pas d’un débat d’idées, mais d’un scandale, avec un mal objectif commis par des membres de l’Eglise. Excuser l’indéfendable, ou défendre à tout prix l’Eglise institution, sont des tentations dont il faut se méfier. Il est juste de reconnaître les torts de l’Eglise, en toute vérité et humilité. Face à des crimes inqualifiables, toutes tentatives de relativisation est stérile et déplacée. La force de la vérité, qui consiste à reconnaître ces crimes et la nécessité de les traiter, est seule capable de rendre crédible le témoin qui n’a pas fauté.
Questions courantes :
Les Nations Unies ont affirmé en 2014 : « Le Saint-Siège a constamment fait passer la préservation de la réputation de l’Eglise et la protection des coupables avant les intérêts des enfants ». N’est-ce pas scandaleux ?
Comment l’Eglise, qui prêche la miséricorde envers ceux qui souffrent, peut-elle avoir pendant si longtemps ignoré les cris des victimes ?
Vu le grand nombre de prêtres pédophiles, ne serait-il pas temps d’autoriser les prêtres à se marier ?
En bref : Opinion commune sur le sujet
L’Eglise catholique, aussi bien au niveau des églises locales qu’au Vatican, a ignoré et étouffé toutes les affaires d’abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres pendant des années, et continue d’ailleurs à le faire, en faisant passer la préservation de la réputation de l’Eglise et l’impunité des coupables avant les intérêts des victimes.
L’Eglise est un lieu dangereux pour les enfants, et elle devrait revoir sa position sur le célibat des prêtres, ainsi que sa tendance à régler ce problème à huit clos.
Changement de cadrage :
Les crimes odieux que sont les abus sexuels sur mineurs par membres du clergé sont une profonde trahison de la vocation des prêtres, de l’Evangile et du peuple de l’Eglise. Ils créent des blessures profondes et durables, dont les victimes souffriront toute leur vie.
Pendant de longues années, l’Eglise, comme d’autres institutions, et la société en général, n’a pas réussi à mesurer l’ampleur de ces abus sexuels et leur nature compulsive. Elle n’a pas pris les moyens nécessaires pour traiter ces accusations et a clairement échoué pour protéger les victimes en préférant parfois occulter les faits pour protéger sa réputation et celle des coupables, aux dépens des victimes.
Passés, présents ou à venir, ces faits son scandaleux. Progressivement et grâce aux médias, l’Eglise a pris la mesure de l’ampleur du fléau, de sa nature exacte, et elle a mis en place de nouvelles réponses. Désormais, elle affirme clairement qu’en la matière la parole des victimes et leurs reconnaissances par la justice civile est première. Evidemment, ce principe exige des responsables de l’Eglise une entière coopération avec les services de justice civile chargés d’enquêter sur ces abus.
Le Vatican a pris ses responsabilités en instaurant une suspension automatique et, la plus part du temps, la réduction à l’état laïc des prêtres coupables. Il a demandé à l’Eglise du monde entier de suivre l’exemple des conférences épiscopales du monde anglo-saxon qui, en précurseurs, ont mis en place des normes de sécurité. Le système de surveillance mis en place dans l’Eglise aux Etats-Unis est exceptionnel et exemplaire.
Cependant, des affaires ont eu lieu et certains évêques ont continué d’aller à l’encontre de cette volonté de transparence et de justice énoncée par le Vatican et les directives épiscopales. Ces scandales entachent toute l’institution. L’Eglise les condamne et continuera de les condamner.
Les messages-clés :
1) Des membres de l’Eglise ont gravement fauté et l’Eglise comme institution pris la pleine ampleur de ces crimes. Elle a pris conscience progressivement de la souffrance des victimes et des conséquences indélébiles de ces actes odieux. Elle n’a compris que récemment qu’il fallait traiter même les affaires les plus anciennes, car pour les victimes il n’y a pas de prescription pour la souffrance.
2) Comme de nombreuses autres institutions, il y a 30 ou 40 ans, les écoles et les paroisses catholiques ne donnaient pas suite aux accusations et n’écoutaient pas les victimes.
3) On constate aujourd’hui un changement radical dans l’attitude et les politiques de l’Eglise. L’Eglise de France a créé des commissions pour écouter les victimes et traiter de manière systématique les cas dont elle a connaissance en collaborant avec les instances judiciaires.
4) Les médias ont aidé l’Eglise à changer. Le rôle des médias est d’enquêter et de demander des comptes, ils ont braqué les projecteurs sur des recoins les plus sombres de l’Eglise avec précision et professionnalisme, ce qui a incité l’Eglise à changer d’attitude et à mettre en place une vraie prise en compte de la parole des victimes.
5) L’Eglise est aujourd’hui beaucoup plus attentive aux hommes qu’elle accueille en vue de la prêtrise afin d’éviter au maximum d’avoir des agresseurs dans ses rangs. Des études ont démontré qu’il n’y a aucun lien de cause à effet entre le célibat sacerdotal et les abus sur mineurs commis par certains prêtres. En effet, une étude américaine a prouvé que la plupart des actes pédophiles sont commis par des personnes qui ne sont pas célibataires. Renoncer au célibat des prêtres n’aurait donc aucune incidence, d’autant que l’on sait par l’étude de John JAY que l’Eglise est en moyenne plutôt moins touchée que la société dans son ensemble par des actes pédophiles, même si le secret entretenu par une partie de la hiérarchie a aggravé les crimes et délits. La paroles des victimes n'en n'est que plus importante !